État socio-sanitaire des Hauts-de-France : Quelques repères incontournables



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Pour en savoir plus sur la politique de « Santé à 360° »

 

 

Ce numéro, co-écrit par l’Agence Hauts-de-France 2020-2040 et la Direction de la Santé de la Région Hauts-de-France, présente les grands repères de l’état socio-sanitaire de la région. Ces repères, considérés comme essentiels, ont nourri les réflexions communes autour des enjeux sociaux, démographiques et de santé spécifiques au territoire régional. Ces spécificités ont conduit la Région à faire de la santé une politique publique régionale à 360 degrés[*]. Cette volonté d’infuser la santé dans toutes les politiques publiques régionales est retranscrite dans la première édition du Carnet de Santé des Hauts-de-France, dont la présente fiche – Repères constitue le premier support.

Une structure démographie amenée à être profondément modifiée ces prochaines années

La région des Hauts-de-France est la cinquième région la plus peuplée et la deuxième région la plus jeune. Elle compte près de 6 millions d’habitants, soit 9,2 % de la population de France hexagonale. Plus d’un million de jeunes âgés de 15 à 29 ans y habitent (18,4 % de la population régionale contre 17,5 % en France hexagonale). Par ailleurs, la population régionale est vieillissante : plus de 1,1 million d’habitants ont 65 ans ou plus, soit 18,6 % de la population régionale (20,7 % en France hexagonale).
Depuis 2015, le nombre d’habitants n’a pas augmenté, contrairement à ce qui est observé à l’échelle de la France hexagonale (+ 0,3 % en moyenne par an). Pourtant, la région gagnait encore 11 400 habitants en moyenne par an entre 2010 et 2015.
L’excédent naturel, qui ne cesse de se réduire, ne compense plus le déficit migratoire le plus élevé de France hors Ile-de-France. Le fléchissement du solde naturel est le résultat de la baisse des naissances, avec une fécondité qui a récemment rejoint les standards nationaux. Ce constat va de pair avec une légère hausse des décès en lien avec le vieillissement des générations nombreuses du baby-boom.

 

Vers un important vieillissement de la population

Si les tendances démographiques actuelles se prolongeaient[1], la région Hauts-de-France compterait 5 768 100 habitants à l’horizon 2050, ce qui représente 275 700 personnes en moins par rapport à 2018 (-4,6 %). La perte de population serait particulièrement marquée parmi les 15-39 ans dont le nombre devrait décroitre d’environ 221 000 habitants, soit près de -12 %[2].

En 2050, la région compterait près de 1,5 million d’habitants âgés de 65 ans et plus contre 1,1 million aujourd’hui ; la structure de la population en serait modifiée, les 65 ans et plus représenteraient 25,3 % des habitants, soit 7,5 points de plus qu’en 2018, tandis que la part des 15-39 ans passerait de 31,0 % en 2018 à 28,7 % en 2050.

La croissance du nombre de séniors devrait être principalement portée par celle des plus âgés : la population des 85 ans et plus (la plus exposée au risque de dépendance) pourrait doubler : près de 320 000 en 2050 contre 164 000 en 2018 (avec une part dans la population régionale augmentant de 3 à 6 %).

Près d’un sénior à domicile sur dix en perte d’autonomie dans les Hauts-de-France[3]

Les séniors à domicile en perte d’autonomie sont plus nombreux dans les Hauts-de-France que dans le reste de la France hexagonale[4] : 9,3 % des personnes de 60 ans ou plus vivant à domicile déclarent rencontrer d’importantes difficultés dans les actes de la vie quotidienne (par exemple, se nourrir, se laver, s’habiller, …) et sont donc considérés en perte d’autonomie, contre 7,2 % en France hexagonale.

Les femmes, en raison notamment d’une espérance de vie plus élevée, sont davantage concernées que les hommes. À partir de 85 ans, plus de 4 femmes sur 10 souffrent d’une perte d’autonomie, contre 3 hommes sur 10 au même âge.

Parmi les séniors à domicile, 14 % connaissent un état de santé détérioré.

Souffrant davantage de problèmes moteurs, les séniors de la région ont plus souvent recours aux aides proposées à domicile et leur entourage est particulièrement très présent : 21 % des séniors reçoivent une aide de leur entourage.

Les caractéristiques sociales et économiques des habitants renforcent les problématiques liées à la perte d’autonomie, qui elles-mêmes augmentent les inégalités de santé. Ce contexte amène à une forte mobilisation des acteurs en faveur du
« bien-vieillir chez soi ».

Un état de santé dégradé de la population régionale

L’espérance de vie la plus faible des régions hexagonales …

L’espérance de vie des habitants des Hauts-de-France est la plus faible des régions de France hexagonale[5] . Sur la période 2015-2021, elle atteint 77 années chez les hommes et 83,7 années chez les femmes. Ainsi dans la région, les hommes vivent en moyenne 2,4 années de moins que l’ensemble des français et les femmes 1,7 année de moins que les françaises.

Les habitants des Hauts-de-France meurent plus jeunes, notamment les hommes.

Cette situation reste vraie pour l’espérance de vie à 65 ans, même si la perte d’année de vie est moindre comparativement au reste de la France.

… traduite par une mortalité préoccupante

Chez les hommes, 28 681 décès en moyenne annuelle ont été enregistrés sur la période 2015-2021 dans la région, soit un taux standardisé de 1 463,9 décès pour 100 000 habitants. Le différentiel de mortalité par rapport à la France est de +19,2 %.

Chez les femmes, ce sont en moyenne chaque année 28 556 décès qui ont été comptabilisés sur la même période, soit un taux standardisé de 886,6 décès pour 100 000 habitants. Le différentiel observé avec la France hexagonale est un peu plus faible que chez les hommes mais reste élevé (+17,1 %).

Ces indicateurs correspondent à la mortalité la plus élevée de l’ensemble des régions de la France hexagonale.

Sur les plus de 57 000 décès comptabilisés en moyenne chaque année dans les Hauts-de-France, 18 % sont survenus avant l’âge de 65 ans. En termes de taux standardisés, les valeurs (325,9 décès pour 100 000 habitants de moins de 65 ans chez les hommes et 152,3 chez les femmes) placent la région au premier rang des mortalités régionales avant 65 ans, chez les hommes comme chez les femmes.

 

 

Des contrastes territoriaux marqués en matière de mortalité

28 intercommunalités présentent une surmortalité supérieure de 25 % à celle de la France hexagonale. Sont concernés : le Hainaut, la Thiérache, et le Sud de Lille (zone allant de Béthune – Bruay au Valenciennois).

19 intercommunalités ont une surmortalité comprise entre +15 et +25 % par rapport à celle de la France hexagonale.

Sont concernés : les territoires de l’Ouest, s’étalant de Beauvais à l’Arrageois, ainsi que Soissons, qui sont dans une situation intermédiaire en regard des autres territoires, mais affichent des taux tout de même de l’ordre de 15 % supérieurs à celui de la France.

Les disparités territoriales observées pour la mortalité tous âges confondus sont particulièrement accentuées chez les moins de 65 ans.

Les cancers et maladies cardiovasculaires : principales causes de décès

Tous âges et genres confondus, sur la période 2015-2021, près d’un décès sur deux est attribué à un cancer ou à une maladie cardiovasculaire, dans les Hauts-de-France comme en France hexagonale. Au début des années quatre-vingt, ces deux groupes de pathologies rassemblaient en proportion davantage de décès (près de 60 %).

Chez les hommes, le poids des cancers est plus important que chez les femmes (30 % des décès masculins contre un peu moins de 23 % des décès féminins) ; c’est l’inverse pour les pathologies cardiovasculaires (20 % des décès masculins contre 24 % des décès féminins). Ainsi en région comme en France, les cancers arrivent en première cause de décès chez les hommes et ce sont les maladies cardiovasculaires chez les femmes.

La région présente les différentiels de mortalité par cancer les plus élevés des régions hexagonales : + 17,9 % chez les hommes, + 11,7 % chez les femmes.

Un état de santé qui s’améliore comme sur l’ensemble de la France

Entre les périodes 1979-1985 et 2015-2021, l’espérance de vie des hommes à la naissance a progressé de 8,8 années dans les Hauts-de-France contre 8,6 années à l’échelle nationale. Chez les femmes, le gain d’espérance de vie se porte à 6,9 années contre 6,5 années en France hexagonale.

Le différentiel d’espérance de vie entre les hommes et les femmes a tendance à se réduire : il s’élevait dans les Hauts-de-France à 8,6 années sur la période 1979-1985 contre 6,7 années sur la période 2015-2021.

Même si le nombre de décès diminue sur le long terme, les inégalités demeurent.

Des inégalités sanitaires corrélées aux conditions de revenu de la population

Les habitants cumulant le plus de difficultés économiques et sociales sont davantage touchés par les inégalités de santé et ont un état de santé dégradé.

La région Hauts-de-France est la deuxième région de France hexagonale la plus exposée à la pauvreté avec trois départements sur cinq parmi les plus concernés au niveau national. La pauvreté monétaire[6] y est cependant moins intense[7], les ménages pauvres étant moins éloignés du seuil de pauvreté. Si les familles monoparentales et les jeunes sont particulièrement touchés, d’autres types de ménages sont concernés par ces difficultés. En tenant compte du lien à l’emploi et des conditions de logement, différents profils de ménages pauvres, inégalement répartis sur le territoire régional, peuvent être distingués[8].

Les ménages retraités constituent plus du quart des ménages pauvres dans les Hauts-de-France comme au niveau national. Ils sont particulièrement surreprésentés dans le rétro-littoral sud. Les ménages éloignés de l’emploi vivant en logement social sont particulièrement représentés dans la région. Troisième profil de ménages le plus représenté dans les Hauts-de-France, les ménages pauvres en emploi sont particulièrement présents dans le sud de la région et les territoires périrurbains.

[*] La santé est dans toutes les politiques. Une politique de santé est une politique intersectorielle, à la croisée des enjeux socioéconomiques, culturels, comportementaux et même environnementaux : c’est la santé holistique et à 360 degrés. Retour

[1] Scénario central Omphale INSEE 2022 Retour
[2] Voir le Repères Hauts-de-France N° 38, « Une potentielle perte de jeunes de 15 à 39 ans en Hauts-de-France d’ici 2050 Retour
[3] INSEE Analyses Hauts-de-France N° 163, « Près d’un senior à domicile sur dix en perte d’autonomie dans les Hauts-de-France » Retour
[4] L’Insee mesure la perte d’autonomie par le « score VQS » (Vie Quotidienne et Santé) qui synthétise les diverses difficultés rencontrées par les personnes âgées, à partir des questions de l’enquête VQS portant sur leurs capacités fonctionnelles (comme par exemple les problèmes de vue malgré le port de lunettes ou de lentilles de contact), leurs difficultés quotidiennes (comme par exemple des difficultés à sortir de son logement), et leur état de santé général. Retour
[5] Un indicateur alternatif est l’espérance de vie sans incapacité, aussi appelée espérance de vie en bonne santé, qui évalue, à la naissance, le nombre d’années qu’une personne pourrait compter vivre sans souffrir d’incapacité dans les gestes de la vie quotidienne, compte tenu des conditions sanitaires du moment.
À l’échelle nationale, en 2022, l’espérance de vie sans incapacité à la naissance atteint 63,8 ans pour les hommes et 65,3 ans pour les femmes.Il n’existe pas encore de déclinaisons robustes de cet indicateur à des échelles régionales et territoriales Retour
[6] Un ménage (ou un individu) est pauvre lorsque le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté, soit 60 % du niveau de vie médian. En 2021, le seuil de pauvreté est de 1 158 euros. Retour
[7] L’intensité de la pauvreté mesure l’écart relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté. Retour
[8] INSEE Analyses Hauts-de-France N°159, « Les multiples visages de la pauvreté dans les Hauts-de-France » Retour